Celeste - Nihiliste(s) (2008)

Line-up
Johan (chant)
Guillaume (guitare/choeurs)
Antoine (basse)
Royer (batterie)

Tracklist

1. On pendra les femmes et les enfants en premier
2. Au feu le savoir
3. MAis va vendre ton dédain
4. Abandonner tout espoir à 20 ans
5. Pour maintenir encore une fois la distance
6. A jamais dénudée
7. Tu regardes trop fort, tu penses trop fort, tu parles trop fort
8. Mais encore faut-il pouvoir renier tout un programme
9. De sévices en amitiés
10. Comme s'il suffisait de lever le doigt pour refaire

Annihilator, Slayer, Mayhem, Total Fucking Destruction, Heaven Shall Burn, Death et j’en passe… Dans le monde du metal et ses ramifications, la plupart des groupes affichent clairement la couleur, prévenant les non-avertis que leurs oreilles pourraient passer un sale quart d’heure, si jamais elles parvenaient à tenir aussi longtemps. A l’écoute de ce doux patronyme qu’est Celeste, je m’imaginais déjà gambadant en tutu dans un champ de coquelicots avec dans les oreilles une musique proche de Sigur Ros ou d’Explosion In The Sky. Pis, le titre du 1er album "Nihiliste(s)" me laissait entrevoir un album ethéré et doucement ambiancé dans la simplicité la plus totale.

Cet album m’a bien fait voyager dans un autre monde, mais certainement pas décoller au côtés d’angelots se promenant de nuages en nuages avec leurs flûtes et leurs harpes. Celeste en 45 minutes, m’a cloué au sol et même 6 pieds sous terre avec l’incertitude de pouvoir revenir un jour à la surface. Vous l’aurez compris cette galette n’a rien de gracieuse bien au contraire. Tapis dans l’ombre le quatuor déploie une musique d’une rage hors du commun et d’une obscurité rare. Une musique infernale. Ne vous méprenez pas, Celeste ne joue pas de raw black metal sauce Norvégienne, même si de ce style ils ont hérité de cette aisance à propager une violence primaire redoutable. Le combo est à la croisée de plusieurs genres et s’est crée son propre univers. Si le fait d’avoir au micro un ex-Mihai Edrisch, en l’occurrence Johan, feront croire à certains qu’ils auront droit à du screamo, ils se prendront un sacré mur dans la gueule, un mur musical indestructible, crée par une guitare monstrueuse, aux riffs dégoulinants rappelant Blut Aus Nord.

Celeste crée le chaos dès les premières notes, se faisant trop direct pour être rattaché à un quelconque mouvement en "post". Pas de longues séquences qui laisseraient espérer la moindre once de lumière, pas la moindre tentative de générer chez l’auditeur une sensation de beauté et même de le laisser respirer. "Nihiliste(s)" est un album noir comme la nuit, suffoquant et oppressant. Celeste est pareil à un volcan, Johan vomit son chant comme se répand une coulée de lave, avec une colère inhumaine, la batterie est explosive, saccadée, la guitare et la basse détruisent tout sur leurs passages et l’on peut être sur que rien ne repoussera derrière. Cet album est désespérant de fatalisme. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil aux titres des chansons : "On pendra les femmes et les enfants en premier", "Abandonner tout espoir à 20ans".

L’album est un bloc, un parpaing qui s’enfile d’un trait. Inutile d’espérer la moindre seconde de répit, la spirale infernale dans laquelle nous entraine le groupe ne cesse que lorsque la dernière note de "Comme s’il suffisait de lever le doigt pour le refaire" se soit évaporée. Beaucoup abandonneront rapidement, pris d’un malaise insupportable, d’un trop-plein d’énergie négative accumulé en si peu de temps. Les plus courageux braveront la tempête mais n’en sortiront pas indemnes non plus, ces 45 minutes se révélant fortement éprouvantes pour l’esprit. Imaginez un instant un Knut shooté au speed, qui aurait pris du Eyehategod en intraveineuse, priant devant l’autel du dieu Celtic Frost période "Monotheist" et vous aurez une idée de ce que peut donner la musique du groupe, de ce que ce chant (sonnant étonnamment bien dans la langue de Molière) peut laisser transparaître… Le chaos absolu, l’ultime colère, un petit goût d’Apocalypse.

Une nouvelle fleur du mal vient d’éclore sur Lyon aux côtés d’Overmars et ses racines ne demandent qu’à venir vous pomper toute joie et bonne humeur. "Nihiliste(s)" s’impose comme une des pépites discographiques de 2008 et Celeste tout simplement comme un groupe à part qui risque de faire beaucoup de bruit (mais sûrement pas pour rien).

N.B.: L'album est en écoute intégrale sur leur myspace et téléchargeable sur le site de Denovali records gratuitement. Inutile de vous dire que si vous aimez vraiment vous pouvez aussi acquerir l'objet...

17/20

Vu les titres, il y a pas mal de références aux manipulations utilisées en deuxième guerre mondiale ("Au feu le savoir" m'a le plus frappé). Je vais donc écouter ça et j'espère pouvoir comprendre les paroles, ça a l'air intéressant.